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CIAO SICILIA !

ciao sicilia

Des liens sont cachés dans l'article. . . souvent sous les mots soulignés. Si vous ne trouvez pas les liens, retournez à la page 14, combattez les gnomes et revenez ici. 

Nous sommes (enfin) Mardi 18 juin. Il est 4h30 du matin et je regorge tellement d'enthousiasme que mes yeux sont en réalité ouverts depuis une heure environ. C'est en picorant une tranche de bon pain (avec un béret et une marinière) que je me demande quand est-ce que va se réveiller mon angoisse désormais latente des aéroports. Heureusement ici tout est fin prêt : j'ai déjà mon sac sur le dos. On the plane again !!!

Après avoir passé près d'une heure et demie à la location de voiture (ne prévoyez rien d'urgent après votre arrivée), nous voilà enfin sur le chemin de Catane. Même sans avoir passé le code de la route, je comprends vite comment il est interprété : ici, il n'y a pas de règles !

 

En arrivant au centre ville, le raccourci se fait rapidement dans ma tête. Les façades des bâtiments tombent en ruines et je ne sais plus à quoi vont ressembler ces vacances. Nous traversons le plus grand marché de la ville et les regards s'attardent sur nous trois, les très très touristes dotées du kit suprême (appareil photo/sac à dos/pantalon à fleurs, à peu de choses près ayant le passeport à la main).

 

C'est submergées par la fatigue que nous errons désormais dans les rues de Catane. Notre ventre crie FAMINE et nous nous engouffrons alors dans le premier restaurant repéré : La Trattoria da Nuccio. L'extérieur ne paye pas de mines, mais alors ! quel régal. Tout est terriblement raffiné et nous prenons une claque gastronomique.

 

En fin d'après-midi, nous nous baladons vers le Palazzo degli Elefanti avant de nous délecter avec des fruits achetés sur un des nombreux étals du centre-ville. J'ai l'occasion de faire mon premier "portrait" (raté d'ailleurs) après avoir prononcé la phrase clé des vacances : "Posso fare una foto per favore ?"


Mercredi 19 juin, Etna. Doux réveil ce matin, vers huit heures. Nous arrivons deux heures plus tard dans le parc du plus haut volcan d'Europe. Il fait déjà plus froid, et nous nous emmitouflons dans nos pulls tout en cherchant la meilleure option pour grimper au sommet du géant (d'ailleurs non-accessible en raison de récentes projections de lave). Les 2 800 mètres d'altitude nous satisfont. Le tour des cratères nécessite environ une heure et demie et nous redescendons ensuite pour manger notre salade de riz.

Note : Il est très compliqué de comprendre les options possibles pour aller au sommet de l'Etna et de nombreuses arnaques sont courantes. Vous avez donc plusieurs choix :

- jusqu'à 2 800 mètres à pieds = GRATUIT

- avec le funiculaire jusqu'à 2 500 mètres puis à pieds jusqu'à 2 800 mètres = 30€ l'aller-retour

- avec le funiculaire jusqu'à 2 500 mètres puis avec le 4x4 jusqu'à 2 800 mètres = 65 euros.

 

Si vous voulez aller jusqu'à 3 000 mètres (lorsque c'est accessible), votre ascension impliquera l'aide d'un guide (ce qui fera inévitablement gonfler la note de frais). Nous avons pour notre part choisi l'option flemme, mais l'ascension peut se faire à pieds avec la motivation nécessaire. Vous mettrez environ 3h30/4h. 

L'escale suivante se situe à Syracuse, sur la presqu'île d'Ortigia, et c'est en début de soirée que nous y arrivons. Encore une fois, l'entrée de notre Airbnb menace de tomber, une fenêtre est même murée. Alors, une voix retentit au dernier étage : "Murieeeeeel ?" Oui, c'est bien nous. Enfin, Maman. La voisine nous accueille avec un café et nous présente même son perroquet, Lola. 

A l'intérieur, le décor est superbe. Briques apparentes s'harmonisent avec cartes de la Sicile et mobilier en bois. La Valérie Damidot qui est en moi se réveille et valide l'apparat, choisi avec goût.


Jeudi 20 juin, OrtigiaCurieux mélange de saveurs au petit-déjeuner aujourd'hui : mon palais ne s'est pas encore adapté au pain aux olives (et ne risque pas de le faire, je pense).

Dans la matinée, nous faisons un saut à la plus remarquable attraction de la ville : le marché. Près du port, les couleurs et les odeurs se mélangent, affichant une splendide peinture, et visuelle, et olfactive, de l'Italie du Sud. Tout n'est qu'abondance. Les marchands hèlent les passants, les passants circulent... et les touristes s'arrêtent. Je m'arrête.

- "Vous êtes végétarienne, enceinte, ne mangez pas de porc, allergique au gluten ?

- Non... enfin, je ne crois pas.

- Je mets tout alors."

 

Ce monsieur là est en train de préparer notre repas de midi, autrement dit le meilleur sandwich que je n'ai jamais mangé. Patates, aubergines, mozzarella, mortadelle, parmesan... La moitié m'a suffi pour le déjeuner. Le tout pour 5 euros avec en prime un nouveau surnom : la fille de Crocodile Dundee. C'est une blague douteuse si je lui mets cinq étoiles ?

Ah, la belle Ortigia, si raffinée, avec ses bâtiments couleur champagne qui forment un amas de ruelles, de passages secrets et de petits coins d'ombre, ruelles dans lesquelles on se repère à l'oreille, au son de l'accordéon joué sur la Piazza Del Duomo ou du doux bruit de la mer qui nous guide jusqu'à la fontaine Aréthusa...

 

Il est même possible de se baigner et la chaleur est telle que Carla et moi nous précipitons dans l'eau. La douceur des flots nous berce désormais et le tiède vacarme de la ville ne se fait alors plus entendre.

 

Coup de coeur pour cette presqu'île. J'y resterais bien un peu plus longtemps.

 

Note : D'après la légende, la nymphe Aréthuse, poursuivie par les assiduités du dieu-fleuve Alphée, aurait fui la Grèce en traversant la mer pour se réfugier à Ortigia et y réapparaître sous forme de source d'eau douce.

A l'origine du mythe, il faut entendre une autre histoire : celle du lien congénital qui relie la Sicile à la Grèce, une histoire fraternelle, indissociable.  


Vendredi 21 juin, Cavagrande del Cassibile, Noto, Ragusa. Le départ précipité de Syracuse ce matin annihile nos neurones et nous ne pensons même pas à goûter les citrons du coin (soi-disant les meilleurs de Sicile, donc du monde). La Fiat de location qui roule à cinquante à l'heure en cinquième déambule sur les sinueuses routes de campagne et c'est une heure plus tard que nous arrivons à Cavagrande del Cassibile. Un sentier abrupt se fraye un chemin dans la délicieuse verdure et nous guide jusqu'aux piscines naturelles de la réserve.

La randonnée est assez difficile, mais courte. Elle vaut vraiment le coup : plus vite vous remontez, plus de calories vous perdez, plus de pasta vous pouvez manger (en gardant toujours en tête le body summer, si primordial, presque vital).

C'est affamées que nous arrivons dans la jolie ville de Noto, à vingt kilomètres de là. Une fois rassasiées, nous partons à la découverte de la splendeur du baroque Sicilien. Cette cité est un véritable musée à ciel ouvert : les bâtiments de couleur ocre (plus foncés qu'à Syracuse) sont à la fois très imposants et raffinés. Ici, tout est propre, calme, sage. L'ambiance y est à la fois légère et lourde, solennelle plutôt. La ville m'impressionne par la candeur qu'elle dégage. 

 

Les références artistiques sont partout : se tiennent des expositions diverses (Picasso, Banksy...) mais le temps presse et nous devons arriver à Raguse avant la nuit. Alors, c'est avec regret que nous quittons Noto, en soupirant de ne pas lui avoir accordé une demi-journée supplémentaire.

 

Note : Après avoir péri sous les coups d'un tremblement de terre au XVIème siècle, la ville de Noto fut reconstruite à quinze kilomètres de là. Ce faisant, la nouvelle ville fut bâtie dans la lignée du style baroque, très cher au Sud-Est de la Sicile. Cela explique son étonnante modernité. En effet, les ruelles moyenâgeuses n'ont pas leur place ici : seul l'art Italien de la Renaissance y est visible. 


Samedi 22 juin, Ragusa Ibla, Agrigente. Nous quittons Il grottino ou notre meilleur Airbnb du séjour et allons faire un tour sur la Piazza del Duomo de Ragusa Ibla (la vielle ville de Raguse, bien plus interessante que la nouvelle). 

 

Comme la veille, l'église est de style baroque, mais indéniablement plus kitch que celle de Noto : drapée de rouge, elle regorge de fioritures en or et d'objets en tout genre, à tel point que je ne sais plus où regarder. Elle est tout de même splendide et son dôme d'un bleu éclatant participe à la magnificence de l'édifice. 

 

Nous prenons un granité en terrasse avant de faire une dernière bise à nos hôtes puis décollons pour Agrigente et la Valle dei Templi

Les hauteurs de Ragusa ont eu raison de ma première pellicule.

C'est sous un soleil de plomb que nous entamons la visite de la Vallée des Temples. Il doit faire, sans rire, 45 degrés celcius. Le circuit est très grand et les temples sont étonnamment bien conservés. Ceux d'Hercule, de Junon et de la Concorde se succèdent et nous voilà au bout de la promenade, jouissant d'un panorama grandiose sur la mer.

 

Nous pressons le pas sur le chemin du retour : il ne faudrait pas que le soleil se couche si tôt...

A dix kilomètres à l'Ouest se trouve l'une des places fortes de la région : La Scala dei Turchi. C'est à mon sens un crochet immanquable lors d'un séjour en Sicile. Je n'avais jamais vu quelque chose de semblable auparavant. Une immense falaise en granite blanc se jette dans la mer aux mille teintes de bleu. Là haut, j'ai un peu la nausée, mais le jeu en vaut la chandelle. Lors du coucher de soleil, les couleurs changent et me nourrissent d'un sentiment encore différent : celui d'appartenir au monde. 

Note : en français, la "Scala dei Turchi" signifie "l'escalier des Turcs". Les intempéries ont façonné ainsi la côte jusqu'à lui donner la forme de grandes marches, utilisées -dans l'histoire ou dans la légende- par les pirates Turcs pour envahir la Sicile par le Sud. 


Dimanche 23 juin, Mazara del Vallo. Après nous être octroyé la première grasse matinée du séjour, nous mettons le cap sur Mazara del Vallo, petite bourgade de l'Ouest Sicilien (ou Sicile Arabe), à 200 kilomètres des côtes tunisiennes. Et pour cause, l'influence maghrébine se fait immédiatement ressentir : l'architecture baroque cède sa place aux maisons assez basses, à toit plat.

 

Mais, nous sommes dimanche et la ville est très peu active, déserte. Notre petite troupe décide alors de se perdre dans l'imbroglio de la casbah. Les ruelles se succèdent, alternant entre mosaïques et citations de Voltaire, Hannah Arendt ou encore Rousseau. Les couleurs fusent, se confondent et s'emmêlent, les enfants crient, jouent et pleurent. Je suis là, avec mon appareil photo, immobile devant ces superbes scènes de rue et incapable de prendre quelque cliché, trop intimidée, désorientée, perdue.

 

C'est à l'heure du dîner que nous découvrons enfin les saveurs tunisiennes, dans un restaurant repéré l'après-midi : Eyem Zemen. Belle découverte. 


Lundi 24 juin, Monreale, Palermo. J'ai très bien dormi dans la "Tajine House", au coeur de la casbah. Même si la frénésie de Mazara se fait désormais ressentir, il faut s'en aller.

Nous prenons la route vers Palerme en prenant soin de nous arrêter à la Riserva Naturale dello Stagnone. Quel regret de ne pas pouvoir vous donner une idée de ces moulins hollandais auréolés par les marais salants roses, symétriques, apaisants. Paysage onirique qui me donne envie de rester là pour l'éternité, mal immortalisé sur pellicule, gravé dans ma tête.

 

L'arrivée, quelques minutes plus tard, à Monreale, se fait difficilement. La petite ville Arabo-Normande est très touristique, difficile d'accès. Cependant, la cathédrale mérite d'être citée. Entièrement serti de mosaïque, le dôme intérieur est d'une beauté significative, précédée d'un travail remarquable.  

Nous profitons de Monreale pour nous restaurer (à base d'arancini, bien sûr) et nous dirigeons vers notre prochaine étape : Palerme.

Cette ville est grande, peuplée. Nous sortons prendre l'air et je suis déjà à l'aise avec l'effervescence du chef-lieu sicilien. Nous déambulons d'un pas lent sur la Via Roma, slalomons entre petits restaurants et grandes églises et arrivons au Quattro Canti. Encerclé par quatre fontaines, cet endroit est le carrefour entre les ruelles du vieux Palerme. Des gens chantent, dansent, se donnent en spectacle.

 

A quelques pas de là se trouve la Cathédrale. Elle est immensément imposante. Beaucoup de styles se confondent (gothique, arabo-normand, baroque) à l'image de la Sicile elle-même, terre éminemment cosmopolite.

 

Plus tard, une sortie nocturne s'impose pour découvrir Palerme autrement : après avoir fait un tour dans le quartier très animé de la Vucciria, nous dégustons une glace aux abords de la Via Roma. L'heure n'est décidément plus un problème.

 

 

Note : Instant capturé devant le Théâtre Massimo, le troisième plus grand d'Europe (derrière l'Opéra Garnier de Paris et l'Opéra de Vienne). La construction, trop imposante, est jugée inutile par les italiens. Elle est tout de même une des attractions touristiques majeures de la ville.


Mardi 25 juin, Palermo. Réveil aux aurores ce matin pour profiter au maximum de nos derniers instants en Sicile.

 

Direction la Villa Giulia, un peu excentrée par rapport au centre ville. Après avoir marché l'équivalent d'un semi-marathon, nous arrivons devant un simple jardin.

Nous ne nous attardons pas et revenons sur nos pas afin de visiter le Palais des Normands, imposant chateau qui abrite désormais le Parlement sicilien. 

L'extérieur, semblable à une forteresse, déborde d'influence normande. A l'intérieur se tient une exposition permanente sur l'histoire de la Sicile, intéressante mais très longue. L'accès aux jardins royaux est possible : des arbres ancestraux y sont préservés et les amateurs de nature y verront un détour utile.

Mais s'il y a engouement pour cet édifice, c'est évidemment grâce à la Capella Palatina. Considérée comme la plus belle chapelle de Sicile, elle n'a subi aucune transformation depuis sa création, en 1143. Les mosaïques en or de style arabo-normand rappellent la Cathédrale de Monreale.

 

 

 

 

Et c'est en parcourant le quartier Albergaria que nous terminons en beauté notre séjour. Situé à deux pas du Parlement, il est le doyen de la ville. C'est ici que se situe le "vrai" Palerme : celui des vieilles églises et fils à linge croulant sous le poids des vêtements, celui des enfants qui crient et des scooters qui filent à toute allure entre les étals de fruits. Celui qui, au cœur de cette Sicile touristique, paraît intouchable, intemporel.

 

Il est maintenant 15h30 et nous avons un avion à prendre. Une dernière bouchée de cannolo s'impose, et nous voilà dans les airs. Direction une destination inconnue, sûrement révélée dans le prochain article !

En réalité, j'ai adoré la Sicile. Mais, il vaut mieux y aller en maîtrisant l'italien (si si, c'est vraiment important). Je pense que sur un séjour d'une semaine et demie, nous avons dû nous faire escroquer un peu plus de cent euros. A l'Etna, nous avons payé un guide (sans le savoir) que nous n'avons jamais eu. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mais il faut rester vigilant.

Après, la diversité de paysages, cultures, victuailles est telle que nous ne pouvions qu'être enchantées. La Sicile est vraiment une région incroyable, unique et à absolument voir un jour !


Merci d'avoir lu cet article. N'hésitez pas à mettre un commentaire, et pourquoi pas, le partager !

 

Amicalement, E.

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Commentaires: 6
  • #1

    Muriel (dimanche, 08 septembre 2019 22:46)

    J'ai eu l'impression d'y retourner en lisant ton article. Et je sais déjà que j'y retournerai!

  • #2

    Didier (dimanche, 08 septembre 2019 23:03)

    Le code de la route en Sicile ? Ça existe ?
    Très bon ce (court) reportage !

  • #3

    Didier (dimanche, 08 septembre 2019 23:05)

    (Trop court !)

  • #4

    Maud (dimanche, 08 septembre 2019 23:38)

    Excellent Elena ! J'ai voyagé pendant quelques minutes...
    Bravo !

  • #5

    Estelle (dimanche, 22 septembre 2019 14:22)

    Super Elena ! Je me référerai à ton article le jour où je prévoirais d'aller en Sicile :-) Tu écris super bien, avec une touche d'humour en plus. Génial ! On attend la suite ;-)

  • #6

    Marlon (dimanche, 22 septembre 2019 20:02)

    Tu ma régaler , super initiative et ton talent de photographe incroyable �