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SHÉHÉRAZADE, PRINCESSE D'UNE NUIT

Ciao tout le monde, j’espère que vous allez bien. C’est la rentrée, et qui dit rentrée dit nouvelle critique de film ! Bye la flemme, bonjour la plume.

 

Je souhaite donc vous parler aujourd’hui du film Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin. Ce film sorti en 2018 est le récit d’une histoire d’amour entre Zachary, un jeune homme tout juste sorti de prison et Shéhérazade, une jeune prostituée.

C’est dans un Marseille autant électrique que dépravé que nos deux protagonistes vont tenter de sortir du cercle vicieux qui leur colle à la peau.

Effectivement, à la manière d’une tragédie, le destin de Zachary et Shéhérazade semble voué à l’échec, trop conditionné par leurs enfances, trop déterminé par leur milieu social.

 

Au contraire, si la tragédie a pour habitude de traiter avec les nobles, ce n’est pas le cas ici. La fresque explosive peinte par Jean-Bernard Marlin témoigne de la précarité des quartiers populaires marseillais mais avec un regard tendre, délicat, touchant. Oui, la violence règne : elle est même l’un des sujets principaux du film. Mais de cette violence, de ce ressentiment émane une énergie encore plus grande : celle de l’amour.

Shéhérazade c'est finalement l'histoire d'une princesse qui attend son prince, celui qui lui met sa chaussure, qui la protège envers et contre tous et qui, même noyé par une virilité débordante, ne peut que s'incliner devant celle qu'il appelle "sa femme", celle qu'il veut "reprendre".

Aussi, cette virée dans la cité phocéenne est une pure réussite. Il serait par ailleurs difficile d'imaginer d’autres acteurs à la place de Kenza Fortas et Dylan Robert dans le rôle de Shéhérazade et Zac. Pour atteindre ce résultat criant de vérité, le réalisateur a, durant six mois, effectué des castings sauvages à la sortie des prisons, des foyers et des écoles.

 

Lors de sa rencontre avec Jean-Bernard Marlin, Dylan Robert venait tout juste de sortir de détention. Il s'apprêtait à reprendre une formation de carreleur. Concernant Kenza Fortas, sa mère a simplement envoyé une photo d'elle à l'équipe du casting. 

Et il faut avouer que le mode opératoire du réalisateur a su porter ses fruits : Shéhérazade témoigne d'un naturalisme sans précédent, à deux doigts du récit documentaire. De la précision de l'idiome aux réactions et aux regards, tout y est. Le spectateur peut définitivement se plonger dans le film et n'en sortir qu'une heure quarante-cinq plus tard, bouleversé, secoué, ébranlé.

 

D'ailleurs, les deux acteurs ont décroché en 2019 le César du meilleur espoir féminin et masculin pour leurs interprétations respectives dans ce film.

 

Jean-Bernard Marlin quant à lui raflé le César du meilleur premier long-métrage lors de cette cérémonie. 

Shéhérazade, c'est à la fois l'hiver de Vivaldi et la lumière du Sud qui réchauffe les cœurs, c'est glacé et ardent, le feu comme la glace, la vie qui bat son plein. Je vous invite à regarder ce film avec toute l'attention du monde, à laisser les larmes vous monter aux yeux et à simplement profiter de ce joyau.

 

Elena 

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